Arthrose et Travail

 

Auparavant, on assimilait le processus d'arthrose à un processus de vieillissement, du à d'une dégénérescence progressive. Cependant, de nombreux auteurs pensent que le véritable processus relève plutôt d'un cumul de microtraumatismes, dont le nombre augmente évidemment avec l'âge. Ce serait pour cette raison que certaines personnes plus exposées que d'autres à certains microtraumatismes spécifiques développent précocement une arthrose.
 
 
1 - Le travail peut-il favoriser l'arthrose ?
 
Les microtraumatismes les plus volontiers rencontrés dans le monde du travail sont les vibrations mécaniques et chocs transmis par certaines machines outils et objets ainsi que les affections provoquées par certains gestes et postures de travail. Cependant, la façon dont ces deux facteurs causent des traumatismes au niveau de l'articulation n'a pas pu être établie de façon scientifique. Sur le plan épidémiologique, la preuve que l'on peut fournir aujourd'hui est celle d'un risque accru d'apparition de l'arthrose en rapport avec l'exercice de certaines occupations dont voici quelques exemples:
  • Apparition d'arthrose des coudes, des poignets et des épaules de façon plus élevée chez les ouvriers travaillant avec un marteau pneumatique.
  • Incidence d'arthrose du coude plus élevée chez les pelleteurs, les forgerons, les tailleurs de pierre et les métallurgistes, les mineurs
  • Fréquence accrue de l'arthrose du genou, de la hanche et des doigts chez les porteurs de lourdes charges, comme par exemple les ouvriers du bâtiment.
  • Augmentation d'un facteur de 1.5 à 4 de l'arthrose des hanches, des genoux et des épaules chez les mineurs qu'au sein de la population en général.
  • Apparition plus importante d'arthrose des doigts chez les couturiers, pianistes ou ouvriers travaillant avec un marteau piqueur, ou des outils à air comprimé.
 
2 - Les articulations les plus touchées
La colonne vertébrale
C'est à son niveau que les problèmes se présentent le plus fréquemment. Toutefois, la ou les causes déclenchantes de la dégénérescence discale ne sont pas totalement élucidées. Certains scientifiques évoquent le fait qu'un traumatisme au niveau du disque intervertébral pourrait entraîner un décollement de la plaque épiphysaire (il s'agit de la zone de jonction entre le disque et la vertèbre qui joue un rôle de nutrition du disque).
Il est maintenant bien admis que les microtraumatismes répétitifs peuvent entraîner une dégénérescence discale et une arthrose apophysaire. Ces microtraumatismes répétitifs peuvent être constitués par des vibrations de basse fréquence ou encore par des chocs directs et contrecoups. Les personnes à risque sont donc celles qui ont une activité comportant une charge de travail musculaire élevée (terrassier, docker, portefaix), qui exercent des travaux dans lesquels la charge est intermittente et brève, qui exercent des travaux en ayant des postures déséquilibrées telles que celles nécessitant une flexion du tronc prolongée, des secousses ébranlant le rachis (par exemple dans les engins de travaux publics, dans les camions).
 
Le coude

La médecine du travail établit un lien entre l'arthrose du coude à condition qu'elle présente des signes radiologiques d'ostéophytose (construction osseuse au niveau de l'articulation concernée) et certains travaux. Ces derniers sont ceux qui exposent à des vibrations telles que celles rencontrées dans les machines-outils tenues à la main (machines percutantes, machines rotopercutantes, machines rotatives). les outils tenus à la main et les objets tenus à la main en cours de façonnage.
 
Le genou 

La gonarthrose peut être provoquée par un fléchissement répétitif du genou et une surcharge de l'articulation. L'activité professionnelle prédisposant à la gonarthrose doit comporter une phase travail en position accroupie ou à genoux avec des phases de redressement, ou bien l'utilisation d'échelles ou la descente et la montée répétée d'escaliers. Ces mouvements doivent être au moins exécutés 2 heures par jour pendant 5 ans au moins. Si ces activités s'accompagnent de port de charge, la durée de l'exposition est ramenée à 2 ans.
L'existence de la maladie doit être démontrée avant 55 ans chez la femme et avant 60 ans chez l'homme.
Les demandes de réparation sont prises en compte par le système ouvert, ce qui signifie que l'exposition professionnelle doit être la cause directe et déterminante de la maladie.
 
 
3 - Quelles sont les professions légalement reconnues?
 
Sur le plan professionnel, le rôle de la posture et de la gestuelle serait prépondérant sur la charge même de travail. De rares associations ont été démontrées (coxarthrose des agriculteurs).
 
Cependant, la seule localisation arthrosique véritablement reconnue comme maladie professionnelle indemnisable est l'arthrose du coude provoquée par des vibrations et les chocs transmis par certaines machine-outils, outils et objet.

Ainsi, l'arthrose du coude fait partie des maladies liées aux vibrations transmises aux membres supérieurs reconnues comme maladies professionnelles indemnisables (MPI) (Tableau 69 du régime général de la sécurité sociale ci-dessous)

Tableau 69 du régime de la sécurité sociale :
 
 
 
 
Cependant, certaines arthroses peuvent être rattachées aux pathologies liées à certains gestes et postures du travail reconnues au titre du tableau 57 du régime général. En France, plus de 1000 maladies professionnelles sont déclarées annuellement au titre du tableau 57, ce qui représente le quart des MPI.
Comme pour les vibrations, dans la majorité des cas il ne s'agit pas de lésions arthrosiques véritables, mais de troubles musculo-squelettiques du membre supérieur. Les lésions d'arthrose les plus fréquentes touchent les épaules et les pouces (rhizarthrose). Les secteurs industriels concernés sont très variés avec une prévalence pour certaines industries comme celle du textile et des ateliers d'équipements automobiles.
Ces maladies sont secondaires à l'application itérative ou parfois brutale de contraintes mécaniques externes liées à l'activité gestuelle, notamment professionnelles, qui s'exercent sur des structures tissulaires caractérisées par un comportement mécanique de type viscoélastique (muscles, tendinites….)

Parmi les facteurs de risques importants liés à l'activité de travail citons les mouvements répétitifs, les forces mises en jeu, les positions articulaires extrêmes, les pressions localisées prolongées (terrassier, docker, portefaix), la charge musculaire statique élevée, les vibrations, le froid.

Les trois conditions nécessaires à la déclaration et à la reconnaissance de ces MPI sont les suivantes :
  1. L'affection doit être nommément désignée dans la colonne de gauche du tableau des maladies professionnelles correspondantes.
  2. Le délai de prise en charge correspondant, qui présente le délai maximum entre la cessation de l'exposition professionnelle au risque et l'apparition des premiers signes cliniques doit être respectée.
  3. Les travaux effectués doivent correspondre à ceux inclus dans la colonne de droite, la liste des travaux étant limitative pour le tableau 57 et 69
Tableau 57 du régime de la sécurité sociale
 
 
 
 
  
 
 
 
 4 – Quelle est la procédure à suivre pour déclarer une maladie professionnelle ?
 
 
Il faut adresser une demande à la Caisse d'assurance maladie, accompagnée d'un certificat médical circonstancié indiquant la nature de la maladie, notamment les manifestations mentionnées aux tableaux et constatées, ainsi que les suites probables.

Il faut adresser une demande à l’employeur, à charge pour lui de la transmettre à l'organisme de Sécurité sociale compétent après examen par le médecin du travail.

On peut également saisir directement le Comité régional de reconnaissance.